Les trésors du royaume de Lotharingie, l’héritage de Charlemagne
L’idée avait germé lors de la visite à St-Etienne-de-Tinée, le samedi 2 septembre après qu’aient été évoqués à plusieurs reprises le partage de l’empire carolingien et l’émergence du Saint Empire romain germanique. Et dès le lendemain, Florent, notre président, avait poussé une reconnaissance à Draguignan.
A la suite de quoi, il prit l’initiative de réserver une visite guidée de l’exposition temporaire qui se tient jusqu’au 8 octobre 2023 à l’Hôtel départemental du Var en plein cœur de la petite cité varoise. Cette exposition, intitulée : les trésors du royaume de Lotharingie, l’héritage de Charlemagne était une opportunité de compléter la connaissance de l’histoire régionale. En effet, c’est en Lotharingie que s’est inscrit le premier comté de Provence qui englobait alors la région niçoise.
C’est ainsi que dans la matinée du samedi 23 septembre, une douzaine de membres du CGM ont eu le privilège, et c’en est un, vu les trésors présentés, de découvrir une époque méconnue, celle du royaume de Lotharingie. Cette dernière expression est d’ailleurs redondante comme on l’apprendra ce matin là, puisque Lotharingie signifie déjà d’après sa racine latine, royaume (regnum) de Lothaire (Lotharius)[1], du nom d’un des petits-fils de Charlemagne, le fameux empereur de l’An 800. Le décor était planté.
Venus de musées réputés comme celui de Cluny à Paris ou encore celui de la Cour d’or à Metz, mais aussi de lieux au-delà du Rhin comme l’antique cathédrale de Magdebourg, ont été rassemblés sur trois niveaux et dans des conditions optimales pour leur conservation, des éléments variés, de la pièce de monnaie à la partie de chancel[2] .
Ils ont été choisis pour illustrer une période charnière et complexe, celle qui suivit la mort de Charlemagne et le partage de son empire entre ses héritiers. Selon la loi des Francs, tous avaient un droit à part égale mais les décès précoces, les unions illégitimes et leurs descendances, les intrigues aussi, ont brouillé et complexifié le jeu à loisir.
Le commentaire éclairé du guide, les grands panneaux affichant la généalogie des carolingiens, la disposition épurée des différents objets ont permis aux Maralpins de mieux appréhender cet âge méconnu précédant le moyen Age et dont résultèrent le royaume de France et le Saint Empire romain germanique.
Les Maralpins ont aussi été subjugués par la beauté des pièces présentées : ces psautiers aux reliures d’or, rehaussées de pierreries, ces plaques d’ivoire finement sculptées, ces parchemins où les textes manuscrits adoptent bientôt une calligraphie codifiée, la carolingienne, ces objets de culte, calice, patène où rien n’était ni trop beau, ni trop cher.
L’émotion ne fut pas loin face aux vestiges du sarcophage de Louis le Pieux, l’héritier direct de Carolus Magnus 1] ou à la célèbre statuette représentant ce dernier à cheval.
Des morceaux d’étoffe venus du fond des âges ont fait aussi l’admiration de tous avec leurs couleurs encore vives et leurs motifs raffinés.
En conclusion de la présentation consacrée à cet âge de la civilisation occidentale, étaient proposés à notre curiosité, des objets produits à la même époque par des ‘’mondes’’ voisins comme le musulman installé alors dans la péninsule ibérique ou celui des brumeux rivages nordiques hantés par les célèbres Vikings. Les influences et les échanges n’ont pas manqué.
La visite s’est conclue au-delà de midi et par conséquent, avec un déjeuner des plus agréables en terrasse à quelques pas du musée.
Odile
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[1] Lotharius regnum → Lotharingie d’où découle aussi Lorraine, région correspondant plus ou moins à la partie septentrionale de ce royaume passé. [2] Le chancel était une sorte de clôture en pierre ou en bois qui isolait la partie la plus sacrée de l’église, le chœur, du reste de la nef. [3] Carolus Magnus, nom latin du souverain, à l’origine du surnom Charlemagne.