Août 2016 : La Haute-Tinée tourne les pages du livre

Le Cercle Généalogique Maralpin était présent à l’édition 2016 de «La Haute-Tinée tourne les pages du livre». Au fil des ans, ce rendez-vous culturel de la fin août dépasse le cadre d’un simple salon du livre pour être un lieu d’échanges sur le patrimoine et les traditions du haut-pays. Un retour sur le passé mettant en valeur l’identité de nos villages, la vie rude de leurs habitants et les valeurs humaines qui les caractérisaient.

Durant trois jours, à Saint Dalmas-le-Selvage, Isola et Saint Etienne de Tinée, notre Président Florent FASSI a tenu un atelier «  Lire vos racines familiales ». Il a eu le plaisir de la visite de plusieurs membres et sympathisants du cercle. Nos rencontres et les échanges avec des passionnés de généalogie sont riches et variés, mais surtout, ils confirment nos intérêts communs et démontrent les liens de la généalogie avec notre histoire locale.

Ce fut aussi l’occasion d’échanger avec des auteurs et des associations qui ont aussi pour passion notre patrimoine et notre héritage culturel. D’habitude nous cherchons dans les livres les réponses à nos interrogations, cette année ce fut l’inverse : Alain GRINDA co-auteur du livre « Belvédère en Mercantour » (ISBN : 978.2.35956.060.2) nous a demandé de l’aide pour identifier l’origine et l’auteur de la gravure de la fontaine « Marie Joséphine ».

Cette fontaine se situe entre la cime de Montjoia et celle de la Valette (nord-est de Belvédère), on y retrouve des inscriptions de bergers et de Belvédérois permettant de dater la gravure avant 1915. La plus importante fait mention du Cne DUGA(S) du 24 Bne/2Cie. Mais qui est ce capitaine ? Aurait-il un lien avec cette Marie Joséphine ? Beaucoup de questions auxquelles la généalogie familiale et militaire va pouvoir répondre après quelques recherches et nous prouver son importance dans des recherches historiques. La première difficulté fut de retrouver ce capitaine DUGAS, une première recherche sur le site « mémoire des hommes » fut vaine. Aucune trace dans les « morts pour la France, » ni dans l’état-major du 24e B.C.A. en 1914.

En l’absence de prénom, les recherches au travers des fonds sur « Gallica » n’étaient pas envisageables. C’est par la base Léonor que le mystère s’éclaircit (Source : Base Léonore ).

DUGAS César Léon

Source : Historial de Péronne-Thiepval

On découvre le parcours militaire de César Léon DUGAS, né à Avignon le 11 mai 1849, fils d’Alexis Ferdinand DUGAS, marchand d’habits et de son épouse Marie-Anne REVOL.

Engagé volontaire en octobre 1868, il entre à l’école spéciale militaire : Saint-Cyr. Cette 53e promotion porte le nom de « Suez », en l’honneur de l’inauguration du canal de Suez par l’impératrice Eugénie, le 17 novembre 1869. Parmi les 284 élèves officiers, on note les noms du maréchal de France Joseph GALLIENI, du général d’armée Auguste DUBAIL et du Député puis Sénateur DALINEY d’Elva. Il en sort au 232e rang.

Lorsque la guerre de 1870-71 éclate, comme toute sa promotion, il fut nommé sous-lieutenant le 15 juillet 1870 au lieu du 1er octobre et immédiatement dirigé au 32e régiment de ligne. Après douze ans dans divers régiments et une première expérience de huit mois dans les chasseurs, il devient instructeur dans son ancienne école.

Guerre de 1870, La commune de Paris et plusieurs campagnes en Algérie, il est de toutes les opérations, avant d’être rayé des cadres en 1906. Il sera rappelé durant la grande guerre, car l’armée française manque d’officiers.

Le 30 décembre 1890, il est fait Chevalier alors qu’il est capitaine au 33e BCA, puis deviendra Officier de la Légion d’honneur par le décret du 7 août 1914.

etat-civil-1899Ses états de service indiquent son affectation au 24e BCA du 29 décembre 1891 au 4 mai 1894. Ce qui peut nous permettre d’imaginer que la pierre fut gravée durant l’été 1892 ou 1893. En effet, les troupes alpines ne sont en opération dans ce secteur que durant la période estivale, attesté par les vestiges de campements sur place.

Et pour le choix de « Marie Joséphine », nous avons la réponse par la mention marginale sur son acte de naissance qui indique son mariage le 27 janvier 1900 à Tlemcen – Algérie avec Fanie Joséphine Charlotte VILLARD, née à Tallard (05), le 05 février 1856 (Source : Archives Nationale d’Outre-Mer).

On découvre qu’elle est veuve de Fréderic Henry BOUNIOL. Ce premier mariage a eu lieu le 31 octobre 1873 à Tallard.

En vérité, nous découvrirons dans l’acte de décès de ce dernier (Ivry sur Seine (94) le 29/07/1893), qu’ils ont divorcé. Elle eut un seul enfant, qu’on retrouve mentionné dans le dossier de la Légion d’Honneur du commandant DUGAS : Iréné Henry Félix BOUNIOL (1871-1961).

Elle a dû croiser son futur époux durant les cinq ans qu’il passa au 30e BCA, ce bataillon étant en garnison à Grenoble (38) mais aussi à Embrun (05).

Erreur de gravure, ou prénom d’usage, le chasseur en charge de graver le nom de leurs point d’eau, a gravé donc Marie et non Fanie, en hommage à la douce amie de son capitaine.

Cet exemple concret montre l’intérêt de croiser les sources et le potentiel des archives militaires.

Avec Alain GRINDA nous allons inscrire dans le livre d’or, qui se trouve dans le mur de cette fontaine cette petite histoire qui est remontée à nous pour les générations futures.

Comment s’y rendre ?

Le dépliant de randonnée, « Cirque de Férisson », disponible à l’Office du Tourisme de Belvédère décrit un circuit qui passe devant cette source.

Elle est située entre la cime de la Montjoia et celle de la Valette, à quelques centaines de mètres au nord du col marqué par l’altitude 2314, balise 300 (carte IGN).

 

Reportage TV & Articles : TV9 Mercantour – Nice-Matin – Vésubian

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